Signature Viviane Alberti

 

Forger, expérimenter des nouvelles techniques, œuvrer, ouvrager, portée par le métier, Viviane Alberti met sa confiance dans le pouvoir créateur manuel. Paule Eluard encense le   pouvoir créateur de ces si simples outils  : « Mains habituées à elle mêmes... Broyer la mort idiote abolir le mystère, construire la raison de naître et de vivre heureux. » 

« Toutes les techniques m’intéressent » dit-elle «  J’ai exercé pendant une bonne dizaine d’années la technique du Pastel sec. Le plaisir que me procurait le pastel s’est atténué avec le temps. Le dessin m’enfermait, m’entravait, il me manquait quelque chose que je n’arrivais pas à définir. Une année de réflexions et de doutes m’a permis de mesurer à quel point, la liberté de création et la gestuelle pouvait m’aider à traduire et à faire partager mes émotions. J’ai trouvé à travers l’exercice de la peinture au couteau un certain épanouissement et une ouverture vers la créativité .» 

En 2001 l’artiste découvre le Sumi-é japonais, technique du lavis à l’encre qu’elle détourne de son usage traditionnel du blanc et du noir et qu’elle s’approprie.

Précise, exigeante, cette technique qui ne souffre pas l’erreur lui permet d’ériger des mats rectilignes, des architectures, des temples et des églises, des villes et des astres, des visions oniriques naissant d’un seul geste. Sa palette s’empourpre, rougie des ocres, des tisons. Elle suggère la transparence de l’air à travers la trajectoire d’un léger vole d’ oiseau, et l’espace ouvert du ciel, au-dessus de l’étendue d’un lac imaginaire. C’est la série où sa rêverie devient romantique, expansive, exubérante guidée comme par magie, par l’incantation du feu.

L’artiste passe de la figuration à l’abstraction avec aisance. Pour elle, la peinture est une  écriture obéissant à des besoins intimement secrets. Pour elle ce sont les émotions qui dictent son langage.

« L’homme intérieur n’est pas, quoi qu’on pense naturellement anarchique. Il est naturellement organique. » Écrit le critique d’art Michel Séuphor 

Si l’homme intérieur était naturellement organique, et, si, comme le pensait Hippocrate, aux quatre humeurs organique correspondent les quatre éléments, on pourrait dire que les œuvres de Viviane Alberti célèbrent la terre, l’air, l’eau et le feu avec leurs qualités propres, comme le froid, le chaud, le sec et l’humide.

En s’appuyant sur les mystérieux rapports que ses propriétés entretiennent entre elles, elle construit ses toiles nuancées.

Elle est issue de cette famille d’artistes qui saluent la nature à travers ses forces telluriques, et ses rythmes atmosphériques. Elle invente son esthétique rappelant les toiles embrasées de Turner, la lumière de Monet, le mariage entre l’écriture et peinture dans les paysages de Zawou Ki.

 Maillages, Equilibre, Magmas sont des œuvres évoquant les miracles de la matière, la terre, le minéral. Associant la céramique, la terre fumée à l’acrylique, elle expérimente la pesanteur, la force géologiques des corps, leur malléabilité, leur transmutabilité en œuvre d’art, en objet précieux aux éclats étincelants et chauds.

 Elle traite aussi de l’eau, de la profondeur de l’apesanteur qu’elle associe à la pierre et au règne végétal. Une algue flotte, la transparence fluidifie l’atmosphère aquatique est profonde,  pas un bruit, « l’œil écoute » le mot murmuré par Paul Claudel.

Ileana Cornea Paris juillet 2014   

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«Une peinture c'est à l'image de quelqu'un, sa projection tout entière, sans mensonge ni réticence, avec ses misères et avec ses beautés. La peinture ne s'accommode pas de mensonges. Je ne vais pas dans un musée ou dans une exposition pour voir des tableaux, mais pour y rencontrer des hommes.» (Roger Bissière)

 

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...L’un peint des nus, des portraits, des natures mortes; l’autre des paysages ordinaires, des ciels, des montagnes, la mer. Celui-ci est un peintre abstrait, qui distribue les couleurs dans des grilles géométriques; celui-là donne libre cours aux gestes saccadés du pinceau et aux riches effets de matière sur la toile. Un autre préfère à la toile et aux couleurs à l’huile la glaciale surface du verre, vitre ou miroir. Toutes ces personnalités artistiques, à première vue peu faites pour se croiser, n’en sont en réalité qu’une seule et même: Gerhard RICHTER(Connaissance des Arts Juin 2012 – J.Coignard concernant G.RICHTER).

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Les génies créatifs de G. RICHTER et de Georges Braques me confortent dans ma nouvelle démarche picturale: l'Abstraction. Après la peinture à l'huile, les contraintes, les techniques, et les influences m'ont permis de me remettre en question et ont transformé mon écriture picturale. L'acrylique aujourd'hui suscite ma curiosité . Mon inspiration je la puise dans tout ce qui m'entoure; pour enfin la saisir et lui faire prendre corps en me libérant des modes et des tendances. Dans ma nouvelle expression graphique, l'eau, ainsi que la matière et certaines fois des inclusions ( pour la troisième dimension), deviennent essentielles et oeuvrent dans ma réalisation. «Surprendre, attirer les regards au-delà du miroir voilà mon nouveau credo»